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A part le revêtement de cire dorée, les rangées de boules éclairantes accrochées au plafond, le tunnel au tracé déchiqueté et cette étrange sensation de vertige, l’intérieur du hangar sphérique ressemblait à ceux de tous les ports spatiaux que Yan avait déjà eu l’occasion de visiter dans près d’un millier de planètes inconnues éparpillées à travers la galaxie. On y trouvait l’assortiment habituel de navettes délabrées, les cargaisons de produits dérobés ainsi que le lot habituel de contrebandiers bannis de leurs propres espèces, s’affairant dehors ou à bord de leurs vaisseaux avec plus de zèle que s’ils exerçaient une activité honnête.
Yan sentit comme un frisson de nostalgie lui parcourir l’échine et il se surprit à regretter le temps où il pouvait débarquer dans de tels endroits sans que personne ne l’importune, lui et le Wookie. Bien sûr, il était aujourd’hui accompagné d’une épouse Chevalier Jedi, d’une paire de Noghri et d’un droïd de combat remis en état. Mais ce n’était pas pareil. Chewbacca avait été à la fois son copilote et son meilleur ami. Un énergumène parfois casse-bonbon, certes, mais également un authentique frère d’armes qui comprenait les trahisons et autres déceptions qui avaient conduit Yan à devenir ce contrebandier cynique et constamment sur ses gardes. Avant que Leia ne déboule dans sa vie et ne le libère de cette vie sans but.
— Nous avons au moins résolu un mystère, fit Leia en pointant du doigt la palette de duraplastique recouverte d’étiquettes marquées : autorité de reconstruction – déchets. Voilà pourquoi on n’a jamais pu expliquer le phénomène de rétrécissement des réserves de l’Autorité de Reconstruction.
— Je ne sais pas, dit Yan. (Il observa les insectes géants qui grouillaient partout autour.) Cette pile de rochers n’est pas assez imposante pour héberger tout ce qui disparaît.
A la vue d’un tel spectacle, Yan eut la chair de poule. Les insectes entraient et sortaient de vaisseaux laissés sans aucune surveillance, déchargeaient les cargaisons, les provisions de nourriture, même les outils vitaux et entassaient le tout au pied des rampes d’embarquement. Au lieu de stopper les insectes, les équipages faisaient exactement la même chose en sens inverse : ils chargeaient d’énormes pots de gré, des boules de cire de toutes les couleurs ainsi que les mêmes et innombrables outils et provisions que les insectes s’affairaient à décharger. Et personne ne semblait remarquer l’inutilité de ce petit manège croisé.
Yan jeta un œil à l’intérieur de la cale grise et lustrée d’un yacht spatial de classe Horizon positionné à mi-parcours du « mur » de la voûte d’amarrage, ses trains d’atterrissage bien enfouis dans la surface cireuse. La rampe d’embarquement était baissée et un imposant Droïd de Défense de la Tendrando Arms montait la garde, son buste massif et surarmé jurant avec un visage et un sourire angéliques.
— L’Ombre est ici, dit Yan. (Il dirigea le Faucon vers un poste d’amarrage situé tout près du vaisseau de Mara.) Allons leur faire un petit coucou.
Leia fit non de la tête.
— On dirait bien qu’il n’y a personne à bord.
— Ah bon ? se renfrogna Yan. (Cela ne ressemblait pas à Mara de laisser l’Ombre sans surveillance. Bien qu’avec Nanna dans les parages, ce n’était pas tout à fait le cas. Croisement entre une version garde du corps du YVH, droïd de combat à succès de Lando et une droïd nurse TD, la droïd de défense était plus que capable de surveiller le vaisseau. Même les insectes semblaient s’en rendre compte ; à chaque instant, l’un d’entre eux s’arrêtait et faisait balayer ses antennes le long de la rampe mais personne ne s’aventurait à entrer.) Ils doivent déjà être à la Cantina.
Yan positionna la poupe du Faucon le long du mur et se posa au centre du poste ouvert. Les rivets s’enfouirent assez profondément dans la cire mais Yan préféra tout de même activer les ports d’ancrage. La microgravité pouvait parfois jouer des tours ; impossible de savoir de quel côté l’appareil allait glisser.
Yan se leva et attrapa son blaster.
— OK, allons voir Nanna. Elle peut peut-être nous tuyauter.
Ils baissèrent la rampe et reculèrent tous, écœurés par un relent d’air chaud. Le brouhaha était si assourdissant que Yan en eut des sueurs froides. Plusieurs dizaines d’insectes apparurent au pied de la rampe. Ils avaient le thorax orange foncé, l’abdomen bleu pâle et des antennes duveteuses d’environ un mètre de long. Malgré l’écœurement, Yan alla à leur rencontre.
Leia le prit par le bras.
— Yan ? Qu’est-ce qui ne va pas ?
— Ce n’est rien. (Il avala sa salive et continua à descendre la rampe. Il n’allait pas se laisser intimider par le souvenir des Kamariens. De plus, ces insectes lui arrivaient seulement à la taille, avec quatre petits bras malingres, des jambes maigres et un lot de mandibules atrophiées plus à même de soulever des cargaisons que de déchirer les chairs.) Tout va bien.
Yan s’immobilisa à mi-chemin. Il croisa ses bras sur sa poitrine et se força à fixer l’insecte leader. En plus des deux boules vertes et lisses qui lui faisaient office d’yeux, ce dernier arborait un trio de lentilles oculaires juste au-dessus de la tête.
— Dites-moi les gars. Vous pensez aller où comme ça ?
L’insecte leader le fixa en faisant claquer ses mandibules nerveusement. Puis il émit un léger grommellement.
— Burrubbubbuurrr, rubb.
Il sauta sur ses six pattes, fit poliment balayer ses antennes avant de fouetter Yan entre les deux jambes.
— Hé ! Attends !
L’insecte tourna la tête pour fixer Yan à son tour puis il pointa les mains de ce dernier en faisant gentiment claquer ses mandibules.
— JJbburrbuurr ub.
— Capitaine Solo, dit obligeamment C-3PO. Cette forme de langage est aussi obscure que la danse…
— Alors, ils n’ont aucune chance.
— Yan, fit Leia. Je ne ressens aucun danger ici. Jusqu’à ce que 3PO trouve le moyen de communiquer…
— Je suis en train de communiquer. Yan fixa l’insecte le plus proche, l’agrippa et ajouta : Je ne sais pas pour qui tu me prends, bonhomme, mais personne n’embarque à bord du Faucon sans mon autorisation.
Les cinq autres insectes sautèrent sur leurs six pattes avant de se glisser sous la rampe, en direction de la trappe.
— J’ai dit non ! (Yan lâcha l’insecte qu’il agrippait et tenta de bloquer le passage aux autres.) Arrêtez-les !
Les Noghri passèrent devant Leia et s’accroupirent, parés à l’action. Les insectes refirent leur apparition sur le haut de rampe et tentèrent de s’infiltrer à l’intérieur du Faucon. La première paire fut expédiée au loin, sous les coups répétés de Noghri.
Les trois derniers insectes s’immobilisèrent avant de se mettre sur leurs six pattes. Leurs antennes s’aplatissaient au-dessus de leurs têtes et émirent un petit rrrrrrrr en provenance de leurs poitrails.
BD-8, le droïd de combat des Solo, apparut juste derrière les Noghri et pointa son blaster par-dessus l’épaule de Meewalh.
— N’ayez aucune crainte ! (Avec son armature de laminanium et ses deux photorécepteurs rouges et sa tête de mort, il ressemblait toujours au droïd YVH dont il était dérivé.) Intrus identifiés. Permission d’ouvrir le feu ?
— Non ! s’écria Leia. Reste tranquille ! Retourne au poste de loisir.
— Le poste de loisir ? Mais, il s’agit d’un abordage !
— Ce n’est pas un abordage ! rectifia Leia.
— Pas si on peut l’empêcher ! dit Yan.
Il frappa un nouvel insecte qui, à cause de la faible gravité, se retrouva catapulté vingt mètres plus loin. Cakhmaim et Meewalh réglèrent leur compte aux deux derniers en les agrippant par les mandibules avant de les propulser au loin.
— Vous voyez ? dit Yan.
Une odeur aigre émergea du sol. Yan baissa les yeux en direction des insectes qui se tenaient près de la rampe sur leurs quatre pattes de devant, l’abdomen levé bien haut afin qu’ils puissent en faire gicler cette fameuse gelée verdâtre.
— Nom d’un garzal, qu’est-ce que… ?
— Ubbub bubbur, entonnèrent les insectes.
— Bubbur vous-mêmes !
Yan leva les bras pour les chasser. Ils continuèrent à faire jaillir leur substance visqueuse et C-3P0 en profita pour déclarer :
— Capitaine Solo, il semblerait que nous ayons un autre visiteur.
Le droïd pointa son doigt par-dessus l’épaule de Yan.
Celui-ci se tourna et tomba nez à nez avec un grand individu chauve, avec de grands yeux globuleux et une paire d’épaisses défenses. Dans ses mains, il portait un chiffon et un pulvérisateur.
— Super, fit Yan. Un Aqualish, maintenant.
— C’est mauvais signe, ajouta Leia. (Les Aqualish formaient une espèce particulièrement agressive, connue à travers toute la galaxie pour chercher la bagarre.) Qu’est-ce qu’il nous veut ?
— Nettoyer les hublots, je crois bien, fit Yan. (L’Aqualish atteignit le pied de la rampe et se fraya un chemin par-dessus les insectes.) Qu’est-ce que je peux faire pour toi, Grandes Quenottes ?
Les Aqualish détestaient les surnoms, mais mieux valait prendre un ton agressif avec eux. Ils étaient moins disposés à se battre avec quelqu’un qui ne se laissait pas intimider facilement.
— Absolument rien, mon ami. (L’Aqualish s’exprimait avec cette grosse voix grave typique de son espèce.) Je veux juste vous aider.
Yan et Leia échangèrent un regard perplexe. Ami n’était pas vraiment un mot qu’ils avaient l’habitude d’entendre dans la bouche d’un Aqualish.
— Nous ne sommes pas tes amis, rectifia Yan.
— Vous le deviendrez.
L’Aqualish attendit que les insectes aient fini de faire gicler leur gelée, chassa du pied celui qui se trouvait de son côté de la rampe et pulvérisa une sorte de mousse particulièrement odorante.
— J’espère pour toi que ce truc-là n’est pas corrosif, l’avertit Yan.
Les Aqualish ne pouvaient pas sourire – ils n’en avaient sûrement jamais éprouvé le besoin au cours de leur évolution – mais celui-ci souleva la tête dans un mouvement qui sembla évoquer un sourire.
— Pas de panique. (Il lança le pulvérisateur à Yan.) Vous avez juste besoin de nettoyer un peu cette pagaille.
L’Aqualish pointa le doigt à l’endroit où l’autre insecte travailleur avait fait gicler sa gelée et commença à essuyer la zone qu’il venait de passer au pulvérisateur. Yan fit sortir une épaisse couche de mousse sur le côté de la rampe, remplissant l’air d’une odeur oscillant entre le fruit pourri et la fourrure synthétique carbonisée.
— Tu peux me répéter ce que je suis censé faire ?
— Quand vous avez jeté les travailleurs dehors, ils vous ont aspergés et marqués, expliqua l’Aqualish en lui lançant le chiffon. Maintenant, vous devez tout recommencer, sinon ils appelleront leurs soldats et s’empareront de votre vaisseau pour voir ce qu’il cache.
— Tu peux me répéter ça ?
— Le business, dit l’Aqualish. C’est bien pour ça que vous êtes là, non ?
— Euh, peut-être, répondit Yan. Tu veux dire pour faire du troc, c’est ça ?
— Ça ressemble plus à un self-service, poursuivit l’Aqualish. Ils prennent ce qu’ils veulent. Vous prenez ce que vous voulez. Et tout le monde est content.
Les insectes se lancèrent de nouveau à l’assaut de la rampe.
— Abordage imminent, nota BD-8. Permission de… ?
— Non ! s’écria Leia. Tu ne fais rien !
Yan finit d’essuyer la mousse et se redressa pour trouver les six insectes alignés au pied de la rampe.
— Ils ne vont pas pondre des œufs ou un truc comme ça ? demanda-t-il.
— Non, lui certifia l’Aqualish. Laissez-les juste prendre ce qu’ils veulent et prenez ce que vous voulez en échange. C’est plus facile et surtout plus sûr.
— Si tu le dis. (Yan s’esquiva pour laisser passer l’insecte.) C’est OK pour toi ?
L’insecte leader répondit par un simple claquement de mandibules, qui fut aussitôt repris par le reste de l’équipe.
— On dirait bien que oui, précisa C-3PO inutilement.
Les insectes s’engagèrent le long de la rampe.
Yan sauta tout près de l’Aqualish et lui rendit le chiffon et le pulvérisateur.
— Pardon pour le Grandes Quenottes. Combien je te dois ?
— Rien, mon ami. Ça arrive à tout le monde la première fois.
— Vraiment ? demanda Yan, soupçonneux. Ne le prends pas mal, mais tu es plutôt serviable pour un type de ton espèce.
— Je ne sais moi-même pas pourquoi. (Il fit demi-tour et prit la direction de son propre vaisseau.) Mais cet endroit me détend.
Yan, Leia et les autres passèrent l’heure suivante à remettre en place ce que les insectes s’étaient affairés à décharger. Au début, la tâche fut des plus frustrantes et déroutantes – surtout après qu’ils eurent déplacé la même caisse de protéines pour la septième ou huitième fois. Mais ils finirent tout de même par remettre de l’ordre. Les insectes commencèrent même à ajouter des boules de cire et une substance douce et ambrée dans le chargement du Faucon.
Au final, le seul objet source de contentieux fut Le Crépuscule des Killik, une petite toile qui ornait autrefois la chambre à coucher de Leia, sur Alderaan. Peinte par feu Ob Khaddor – l’un des plus éminents artistes d’Alderaan – la toile représentait un alignement de silhouettes insectoïdes quittant leur ville nichée en haut des cimes, tandis qu’une féroce tempête assombrissait les cieux. Yan ne savait pas pourquoi les insectes en étaient tant épris – le sujet mis à part – mais à chaque fois qu’il décidait de le remettre dans le caisson marqué de l’étiquette : à garder, un insecte déposait une boule éclairante ou une cruche remplie d’alcool à la place et s’emparait de la toile pour la déposer au bas de la rampe. La peinture était le bien le plus précieux de Leia et Yan avait presque failli mourir en tentant de le récupérer sur Tatooine.
Un insecte émergea du Faucon, en agrippant le tableau avec ses quatre bras de devant. Il s’immobilisa à mi-parcours, scrutant Yan derrière le cadre de la toile. Ce dernier croisa les bras et soupira.
— Allez viens là, dit-il. Qu’on en finisse.
Au lieu de s’engager de nouveau le long de la rampe, le travailleur sauta sur le sol et disparut derrière l’entassement désordonné de caisses et pièces détachées, au pied du Faucon.
— Hé !
Yan se rua de l’autre côté pour lui couper la route mais l’insecte n’était visible nulle part. Il se retourna vers ses camarades mais ceux-ci firent mine de ne rien remarquer. Yan ricana et s’agenouilla pour jeter un œil sous la coque.
Rien.
— Non d’un Bantha ! (Yan pivota lentement, ralentissant volontairement les battements de son cœur pour mieux chercher l’insecte. Un peu plus loin, près du mur du hangar, il aperçut les Skywalker qui sortaient d’un Passage, accompagnés de Saba Sebatyne et d’un Ewok a fourrure noire. Mais aucune trace de ce satané voleur.) Par la bave de Hutt !
— Yan ? (Leia apparut en haut de la rampe, les bras chargés de provisions.) Qu’est-ce qui ne va pas ?
— Rien, répondit Yan. Les insectes commencent juste à devenir sournois.
— Comment ça, sournois, Yan ?
— Oh, rien d’inquiétant. (On entendit un léger bruissement en provenance de la pile de transaction. Yan contourna une caisse de protéines brutes et découvrit une empreinte d’insecte juste derrière un caisson de brandy Endorien.) Tout est sous contrôle.
Yan se rapprocha et déplaça le caisson. Devant lui, se trouvait l’insecte travailleur avec la toile dans ses quatre bras.
— Uub uur, grommela-t-il.
— Eh ouais, mon gars. On est deux à jouer à ce jeu-là.
Yan s’empara du tableau et se tourna pour voir accourir Ben.
— Oncle Yan ! (Il leva le coude à la manière des contrebandiers, exactement comme Yan le lui avait appris.) Papa m’avait bien dit que tu étais ici !
— C’est bon de te voir, gamin. (Yan salua Ben d’un coup de coude.) J’adorerais bavarder avec toi mais je suis, comme qui dirait, au milieu d’une bataille de bonnes volontés.
Laissant Leia accueillir Luke et les autres, Yan s’en alla remettre la peinture à l’intérieur du Faucon. Une fois là, il s’agenouilla et ouvrit la trappe d’une cachette de contrebandier.
— En voilà un drôle d’endroit pour cacher la peinture de Leia, dit Ben qui l’avait suivi à bord.
— Tu parles, rétorqua Yan. (Il glissa la toile dans le compartiment, verrouilla la trappe et se leva.) Maintenant, allons voir ta maman et…
L’insecte apparut dans le couloir, balayant ses antennes sur le sol. Il passa devant Yan avec un grognement poli avant de s’immobiliser et fouiner autour de la cachette secrète. Voyant que le compartiment refusait de s’ouvrir, il s’assit et commença à faire claquer ses mandibules.
— Très bien, très bien. Pas la peine de rameuter tes copains. (Yan s’agenouilla à côté de l’insecte.) Dégage de mon chemin.
Yan ouvrit la trappe. L’insecte s’empara de la toile, commença à faire demi-tour et laissa échapper un grognement étonné lorsqu’il vit Saba et son petit compagnon Ewok faire leur apparition dans le couloir. L’Ewok arracha la peinture des mains de l’insecte et lui donna un coup de pied dans le derrière.
— Joli ! (Yan se tourna vers Saba.) Ce gaillard est un ami à toi ?
— Tarfang et moi n’avonz encore tué personne ensemble, dit Saba. Mais il peut nous aider.
— Ah ouais ? (Yan regarda Tarfang d’un air suspicieux.) Et on peut savoir comment ?
L’Ewok leva les yeux en direction de Yan et bredouilla quelque chose dans sa langue grinçante puis il fit signe à Yan et aux autres de le suivre vers la rampe.
— Ecoute-moi bien, touffe de poils, dit Yan. Je ne sais pas pour qui tu te prends, mais le Faucon…
— Oncle Yan, regarde !
Ben pointa le doigt vers Le Crépuscule des Killik. L’insecte se tenait debout, la peinture dans les mains, tout en faisant glisser ses antennes là où l’Ewok l’avait frappé. Il répéta plusieurs fois son geste avant d’émettre un bourdonnement triste et de remettre la toile dans le compartiment de contrebande.
Yan se tourna vers Tarfang.
— Comment as-tu fait ça ?
Il reçut une sorte de raclement indigné en guise de réponse. L’Ewok fit demi-tour et s’engagea vers la rampe, ne prêtant plus aucune attention à qui voulait bien le suivre.
— Drôle de petit bonhomme, n’est-ce pas ?
— Tarfang n’est pas vraiment quelqu’un de recommandable. Mais son capitaine peut nouz aider à retrouver Jaina et les autrez.
Yan la suivit à l’extérieur, où C-3PO les informa que Luke et les autres étaient déjà partis avec Tarfang. Malgré les mots rassurants de Saba, Yan ordonna aux Noghri de surveiller attentivement la peinture.
Ils confièrent Ben aux bons soins de Nanna et rejoignirent Luke, Mara et Leia devant la coque abîmée et entaillée au carbone d’un appareil YT-1000. Cousin éloigné du propre YT-1300 de Yan, le cockpit du YT-1000 était positionné au somment du bastingage, là ou le Faucon hébergeait la tourelle pour les canons ; sauf qu’ici, il n’y avait aucune tourelle. En guise de défense, le vaisseau ne disposait que de quatre canons blaster à courte portée éparpillés à l’extérieur de la carlingue.
— Ce truc-là a volé jusqu’ici ? s’étonna Yan.
On entendit la petite voix indignée de l’Ewok, au fin fond du YT-1000.
— Il dit que le vaisseau vient directement de Rebel Huit, traduisit C-3PO.
Tarfang fit son apparition en pleine lumière et baragouina de plus belle.
— Je suis plus qu’heureux de ne pas voyager à bord de ce navire ! dit C-3PO. Il dit que personne n’a le temps de perdre des crédits avec des réparations !
Leia vint se mettre à côté de Yan.
— Nous sommes désolés, Tarfang. (Elle lui adressa l’un de ses vieux sourires de diplomate. Une rangée de dents écarlates qui pouvait signifier tout et son contraire.) Yan n’avait pas l’intention de t’insulter.
— C’est vrai, fit Yan. J’étais juste bluffé par ta bravoure.
Tarfang dévisagea Yan quelques instants, puis émit un profond raclement de gorge avant de les inviter à emprunter la rampe.
Yan se tourna vers Luke et Mara.
— Vous êtes sûrs de vous ?
— Pas vraiment, répondit Luke. (Il sourit et lui donna une petite tape sur l’épaule.) On vous attendait, toi et Leia.
— Ouais, eh bien… On s’est dit que vous auriez besoin d’aide.
— Probablement, en effet, dit Mara en riant. (Elle l’embrassa sur la joue.) Contente de te voir, Yan.
Tous grimpèrent en haut de la rampe jusqu’à un minuscule sas de décompression équipé de tout le matériel d’urgence approprié et solidement arrimé à une issue de secours en transpacier. Passé le sas, l’intérieur du couloir principal était seulement éclairé par les boules de cire utilisées par les insectes en guise de lampes. Sous la lumière verte, Yan put remarquer que les compartiments situés sous le sol en duracier avaient été un petit peu trop polis. Les soudures étaient trop invisibles pour être honnêtes.
Tarfang les attendait au bout du couloir. Il grogna et les dirigea jusqu’à la cabine principale. Du fait de la quasi-obscurité qui régnait, Yan s’attendait à tomber sur un individu féroce, du genre Defel.
Au lieu de cela, il se retrouva face à un petit Sullustéen aux grandes oreilles, engoncé dans une combinaison de vol tachée de carbone. Il était agenouillé devant un panneau de commandes entrouvert, en train de souder des modules d’alimentation automatique sur un tout nouveau tableau de contrôle. Yan se demanda comment un type, même un Sullustéen, pouvait y voir quoi que ce soit avec une telle lumière.
Tarfang s’approcha du Sullustéen et se racla la gorge pour lui signaler sa présence.
— Vas-y, dit le Sullustéen sans lever les yeux. Je t’écoute.
Tarfang se lança dans une longue explication, ponctuée de grands gestes en direction de Saba et Luke. Le capitaine finit par abandonner sa tâche pour se tourner vers ses visiteurs.
— Je suis Jae Juun, capitaine du XR-huit-zéro-huit-g.
— Le XR-huit-zéro-huit-g ? demanda Yan. Ça vient d’où, ce nom-là ?
— C’est un numéro d’immatriculation de l’Alliance Galactique, qu’est-ce que vous croyez. (Juun fronça les sourcils et loucha en direction de Yan. Mais ce dernier se tenait dans l’ombre.) Vous n’avez jamais entendu parler du XR-huit-zéro-huit-g ?
— Pourquoi, on aurait dû ? demanda Leia.
Juun eut un petit sourire suffisant.
— Pas si j’ai bien fait mon boulot.
— Tu y es parvenu au-delà de tes rêves les plus fous, dit Yan.
Leia lui agrippa l’arrière du coude et le pinça très fort. Mais le Sullustéen n’eut qu’un sourire rempli d’orgueil.
— Tarfang me dit que vous cherchez quelqu’un pour vous aider à récupérer vos amis ?
— Pour les retrouver, corrigea Luke.
— Ça ne fait aucune différence. (Juun lança un regard mauvais à Tarfang.) Mon second a encore outrepassé mon autorité.
Tarfang lui demanda quelque chose d’un ton incrédule.
— Ce n’est pas de la responsabilité d’un second de collecter des fonds, rétorqua Juun. Laisse-moi élucider comment payer ce stabilisateur à vortex.
— Un stabilisateur à vortex ? demanda Yan. Pour un YT de cet âge ? Ça va pas être facile d’en dénicher un, moi je te le dis.
— En tout cas, pas à un bon prix, admit Juun. J’en ai repéré un ici, mais il me manque encore deux cents crédits pour pouvoir l’embarquer.
— Pas si on t’aide à le payer, dit Yan, en se montrant à la lumière. On peut te les donner, nous, les deux cents crédits.
Juun resta bouche bée.
— Je me disais bien que je connaissais cette voix ! (Il se tourna vers Tarfang.) Pourquoi ne m’as-tu pas dit que Yan Solo était avec eux ?
Tarfang regarda Yan avec un petit sourire méprisant et babilla une réponse.
— Peut-être, mais c’est Yan Solo ! (Le Sullustéen se leva et lui tendit la main.) Le XR-huit-zéro-huit-g suit toutes vos procédures à la lettre et j’ai mémorisé toutes vos manœuvres de combat dans les vidéos d’histoire.
— Euh, moi je me méfierais de ces holo-vidéos, dit Yan, autorisant le Sullustéen à lui serrer la main. Alors, cette proposition… ?
— J’aimerais sincèrement vous aider, dit Juun avant de se remettre au travail. Mais ça ne serait pas convenable.
— Pas convenable ? répéta Yan. Et pourquoi ça ?
— Parce que j’ai passé un arrangement avec nos hôtes et, bien évidemment, ils n’ont aucune envie que vous retrouviez vos amis.
Tarfang grogna et se donna une tape sur le front.
— Nous ne pouvons trahir nos partenaires en affaires, dit Juun à l’Ewok. Nous avons passé un marché.
— Oui, mais il vous manque encore vos deux cents crédits, poursuivit Yan. Combien de temps sont-ils prêts à attendre ?
— Nous sommes face à un authentique dilemme, admit Juun.
— Et si on achetait une copie de ta carte ? demanda Luke.
— Ma carte ne vous aiderait pas. Vos amis sont partis pour Yoggoy.
— Et tu ne sais pas où se trouve Yoggoy ? demanda Luke.
— Personne ne le sait, dit Juun. Les Yoggoy sont très fiers et très secrets. Ils cachent l’emplacement de leur nid aux étrangers.
Saba baissa les yeux vers Tarfang.
— Alors pourquoi nouz avoir fait espérer ?
Tarfang bredouilla une réponse.
— Parce que je dois transporter un chargement pour Yoggoy, traduisit C-3PO. Et qu’un Yoggoy se doit de faire partie de l’expédition.
— Excellent, dit Leia. Aide-nous à trouver un cargo et on te paiera.
— Tarfang suggère que vous donniez l’argent au Capitaine Juun. Ils vérifieront si nos amis y sont et dresseront un rapport à leur retour, fit C-3PO.
— Mais, bien sûr. (Yan se tourna vers les autres et leur indiqua la sortie.) Allez, on se tire. On perd notre temps ici.
Luke lui fit signe de patienter. Mara, elle, les avait déjà quittés ; dans de telles circonstances, elle avait toujours le don pour se carapater.
— Tarfang n’essaie pas de nous arnaquer, Yan. Il souhaite réellement passer un marché honnête.
L’Ewok grogna quelque chose au Maître Jedi.
— Il ne te volait pas tes pensées, lui dit C-3PO. Maître Luke n’est pas un voleur.
Tarfang tourna autour du droïd et lui assena un ordre.
— Très bien. Mais je ne lui en voudrai pas s’il utilise le sabre laser contre toi. (C-3PO se tourna vers Luke.) Tarfang menace de vous arracher les yeux si vous refaites une chose pareille.
— Oh, ça l’a effrayé, fit Yan à l’Ewok. Tu veux passer un marché ? Le voici : deux cents crédits en échange d’un cargo.
A la grande surprise de Yan, ce fut Saba qui répondit.
— Il ne peut paz.
— Et pourquoi ça ?
— Parce que Lizil ne le permettra pas, dit Luke. Il… ou elle… ne veut pas que nous retrouvions Jaina et les autres.
— Ils, corrigea Juun.
Luke fronça les sourcils.
— Quoi ?
— Ils, répéta Juun.
Le Sullustéen se remit à la tâche, soudant un module d’alimentation arrière à la sortie principale de la cabine. Yan aurait pu dire quelque chose, mais il ne savait que trop bien qu’un capitaine ne donnait jamais de conseil à un autre capitaine à propos de son vaisseau.
— Lizil n’est pas leur meneur. (Juun leva les yeux dans leur direction, balayant le feu brûlant de son fer à souder sur le circuit contrôlant les inhibiteurs de flux.) Lizil, c’est eux.
— Ils ont tous le même nom ? demanda Leia.
— Dans un sens, oui. Mais ça va au-delà de ça. A leur manière de penser, ils sont tous Lizil. Lizil est le nid, mais c’est aussi l’ensemble de ses membres.
— Ils n’ont aucune notion d’identité ? demanda Leia.
— Je pense qu’elle se manifeste de cette manière, reprit Juun. Mais je ne maîtrise pas vraiment mes définitions xéno-biologiques.
L’Ewok émit un gloussement.
— Tarfang précise qu’il est important de se rappeler ceci : quand vous dites Lizil, vous englobez ou bien le nid dans sa totalité ou bien n’importe lequel de ses membres.
Tarfang se montra de plus en plus impatient.
— Et il est extrêmement difficile de faire la différence, ajouta C-3PO.
— Sympa, dit Yan. Alors, pourquoi Lizil ne veut pas qu’on retrouve Jaina ?
Voyant Juun tout hésitant, Tarfang laissa échapper un long glapissement.
— Mais personne n’a dit que ce n’était pas secret, rétorqua Juun.
— Là, tu deviens têtu, siffla Saba. Quelque chose est zecret si…
— Une minute, dit Yan à Saba. Tout ceci n’est pas très clair.
Saba dévisagea Yan de son œil sombre.
— Il y a vos accords implicites et vos obligations tacites. (Yan se tourna vers Juun.) J’ai bien raison ?
Le Sullustéen acquiesça.
— Seul un capitaine comprend ce genre de choses.
— Exact, fit Yan. Mais vous êtes aussi des contrebandiers, non ?
Tarfang grommela une réponse affirmative.
— Dans ce cas, vous devez me répondre.
— Ah bon ? demanda Juun.
— Yep. C’est dans le Code des Contrebandiers.
— Le Code des Contrebandiers ?
— Article Sept ? le coupa Yan. Je jure d’aider un autre contrebandier, tant que je ne prends aucun risque.
— Ah oui, bien sûr. (Les yeux de fouine de Juun balayèrent la planche de contrôle. Il était impossible qu’il connaisse le Code des Contrebandiers – Yan venait de l’inventer – mais rien n’embarrassait plus un Sullustéen que d’admettre qu’il ne connaissait pas les procédures en vigueur.) L’Article Sept. Je l’avais presque oublié.
— Voilà qui clarifie les choses, dit Leia. (Elle sourit à Yan et s’agenouilla à côté de Juun.) Alors, qu’est-ce que Lizil essaie de cacher ?
Juun reprit ses soudures.
— Vous avez déjà croisé les Affiliés ?
— Tu veux dire les traducteurs de Lizil ? demanda Luke.
— Pas les traducteurs, dit Juun. Les Affiliés. Ils sont aussi Lizil.
— Comment est-ze possible ? siffla Saba. La plupart d’entre eux n’ont même pas six pattez !
— Aucune importance, dit Juun. Ils ont été absorbés.
— Absorbés ? demanda Yan, de plus en plus perdu. Absorbés comment ?
— Mentalement, je suppose, précisa Luke tout en fixant Juun. C’est une sorte de lavage de cerveau, n’est-ce pas ?
Juun haussa les épaules.
— Quand quelqu’un passe trop de temps au nid, il est absorbé.
— Tu insinues que ma fille se prend pour un de ces insectes ? demanda Yan. Et tu continues à ne rien vouloir me dire ?
Juun se redressa d’un bond et alla se cacher derrière Leia.
— Ce n’est pas ma faute !
— Du calme, Yan, dit Luke. Nous ne savons pas si c’est arrivé.
— Et comment en être sûr ?
— Là, z’est toi qui deviens têtu, fit Saba. On ne sait même pas où ils ze trouvent.
L’intervention de Saba rappela à Yan que lui et Leia n’étaient pas les seuls à savoir leur enfant en danger. Son propre fils, Tesar, était l’un des Jedi portés disparus.
— Désolé. Je ne sais pas ce qui m’a pris. J’oublie parfois que ce sont des Jedi, fit Yan en lui tapotant le dos.
— Pas de problème. (Saba fit claquer sa main écaillée sur l’épaule de Yan.) Saba l’oublie auzsi.
Le silence se fit pesant lorsqu’ils repensèrent à tout ce qu’ils avaient perdu sur Myrkr. Anakin, Bela, Krasov et les autres. Yan eut presque l’impression que Saba tentait de l’atteindre à travers la Force, pour lui faire croire aux capacités de sa fille et lui rappeler qu’elle était Chevalier Jedi, doublée d’une pilote d’élite et d’une héroïne aussi importante que lui et Leia l’avaient été en leur temps. Il était difficile pour un père de l’accepter mais c’était la vérité, et – comme Leia le disait souvent – dans la vérité résidait la force.
— OK, OK, dit Yan, en dirigeant Juun jusqu’à la planche de contrôle. Tu peux reprendre ton travail. Je vais mieux.
Leia lui adressa un clin d’œil et se tourna vers Juun.
— En quoi Lizil a-t-il besoin d’un groupe de Jedi ?
— Je n’en sais rien, répondit Juun. Mais ils sont partis avec Unu.
— Unu ?
— Le nid central, poursuivit Juun. Votre fille et les autres sont escortés par des gardes Unu.
— Plus de cafards ? demanda Yan, dépité. Quelle bonne nouvelle !
— Il y a donc toute une organisation de nids ? demanda Leia.
— On l’appelle la Colonie, acquiesça-t-il.
— Et elle est grande comment, cette Colonie ? demanda Yan.
Juun sortit un petit datapad de sa poche.
— J’ai entendu parler de quelques trois cent soixante-quinze noms.
— Assez pour s’étendre jusqu’à la frontière Chiss ! Tout cela commence à faire sens, s’étonna Luke.
— Comment tu vois la suite ? demanda Yan.
— C’est simple, dit Leia. La Colonie est en train d’effacer les frontières avec l’empire Chiss. On peut donc aisément comprendre pourquoi le nid principal souhaite tant avoir une équipe d’Affiliés Jedi à ses côtés… surtout cette équipe-là.
— Les commandos Jedi sont de bons égalisateurs, admit Yan. Mais j’aimerais savoir pourquoi la Colonie les a d’abord fait venir ici.
Il y eut un long silence et tous fixèrent Juun. A son tour, Tarfang les dévisagea un par un avant de se mettre en colère.
— Tarfang vous demande d’arrêter de les fixer de la sorte, dit C-3PO. Il réfute toute responsabilité.
— Ce n’est pas ce qu’on insinuait, observa Leia.
— Mais nous avons besoin de votre aide, dit Luke à Juun. Yan a besoin de votre aide.
— Il y a peut-être un moyen. Il reste de la place dans la cale avant. Si nous vous y cachons, proposa Juun après réflexion.
— Oublie, s’exclama Yan. On vole dans nos propres vaisseaux.
— Je crains que ce soit la seule alternative possible, dit Juun. Je m’en remettrai entièrement au guide moi-même.
Yan fit non de la tête.
— Yan, je sais bien qu’on risque d’être un peu à l’étroit, dit Luke. Mais c’est un bon plan.
— Non, Luke, répondit Yan, jetant discrètement un œil sur le panneau de contrôle. Absolument pas.
Luke tenta de suivre son regard mais Juun le prit la main dans le sac.
— Pourquoi vous regardez mon panneau de contrôle ? demanda-t-il. Vous ne me faites pas confiance ?
— A vrai dire. (Yan se pencha en avant et pointa du doigt une ligne argentée émergeant du panneau.) Tu risques de provoquer un court-circuit dans tes inhibiteurs de flux.
— Pas de quoi s’inquiéter. J’ai suivi toutes les procédures.
— Ouais, mais tu as fait une erreur…
— Et moi je vous dis que tout est en ordre. Je vais vous montrer. (Juun actionna le commutateur maître et ordonna à Tarfang d’aller se positionner à l’autre bout de la cabine.) Ferme le rupteur principal.
— Juun, je ne crois pas que ce soit une bonne…, reprit Yan.
Un claquement assourdissant se répercuta à travers la cabine et le vaisseau se mit à vibrer sous une tempête de lampes clignotantes et de circuits grésillants. Leia et les autres hurlaient. Yan dégaina son blaster et tira sur la batterie de câbles, située sous le commutateur maître.
Les grésillements cessèrent et la cabine fut une fois de plus plongée dans cette obscurité verdâtre. Juun s’agenouilla en face du panneau de contrôle.
— Oh non, pas encore !
— Qu’est-ce que je t’avais dit ? fit Yan.
Tarfang revint se joindre au groupe et observa son capitaine tout déconfit. Puis il regarda Yan droit dans les yeux et éructa.
— Il dit que les prix ont doublé, Capitaine Solo, traduisit C-3PO. Vous devez payer pour les dégâts que vous avez causés.
— Que j’ai causés ? protesta Yan. Je lui ai dit de ne pas…
— Nous serons ravis de remplacer la batterie de câbles, coupa Leia. Et nous ferons tout le nécessaire pour aider le Capitaine Juun à réparer son vaisseau… En vertu de l’Article Sept du Code des Contrebandiers.
— Et plutôt deux fois qu’une, ajouta Yan qui venait de saisir la ruse de Leia. Ce n’est pas si grave. Sinon, la fumée serait plus épaisse.
Juun leva la tête, dévoilant deux grands yeux ronds.
— C’est cité dans l’Article Sept ?
— Bien sûr, mentit Yan. Mais on vole dans nos propres vaisseaux.
— Je suis sûr que nous trouverons un moyen de suivre le Capitaine Juun. Luke parlait comme s’il avait déjà résolu le problème. Nous devrons peut-être installer quelques pièces de rechange pour réparer la batterie de câbles.
Tarfang babilla une demande.
— Quel genre de pièces ? traduisit C-3PO.
— Le genre pièces secrètes, répondit Luke en fixant l’Ewok.
Tarfang baissa sa petite tête poilue et réfléchit un instant avant de déclarer quelque chose que C-3PO traduisit par :
— Le Capitaine Juun prend un gros risque. Ça vous coûtera un max.
— Très bien, fit Luke en s’approchant de Juun et de Tarfang. Mais vous savez ce qu’il en coûte d’essayer de nous doubler ?
Tarfang se ratatina. Juun, lui, semblait impassible.
— Doubler Yan Solo ? demanda le Sullustéen. Qui serait assez fou pour commettre une telle chose ?